Adhésion

"Voulant préférer miséricorde à la rigueur des lois"

lettre de rémission de Louis XV en faveur d'un criminel (1730)

Le document présenté ce mois-ci est une lettre de rémission accordée à Jean Griffeuille, domestique, originaire du village de la Cassaigne (aujourd’hui Lacassagne), paroisse de Labesserette. La lettre de rémission est un acte de la Chancellerie par lequel le roi octroie son pardon, sa grâce ou son indulgence, à la suite d’un crime ou d’un délit, allant contre le cours ordinaire de la justice. Toutefois,......[Lire la suite]

 Pétain face à l'opinion cantalienne : les débats autour d'une visite

(5 et 6 septembre 1943) 

                                                                                                                                2022 06 01

11 novembre 1942, invasion de la zone Sud. Cette date marque aussi pour le Cantal l’arrivée des troupes allemandes dans le département et l’installation d’un nouveau préfet : Roger Homo. Nommé le jour précédent, il se distingue par son anticommunisme, son antisémitisme et entre en lutte ouverte contre la résistance.
Le régime de Vichy, depuis le 10 juillet 1940, s’efforce de maintenir l’ordre. Ce régime antirépublicain, antidémocratique, passéiste fonde sa politique sur une devise « Travail, Famille, Patrie ».
Les restrictions, privations, suspicions, commencent à peser sur les Cantaliens ; l’opinion publique prend ses distances avec la politique de Pétain et de Laval.
C’est dans cette atmosphère que le Maréchal, après plusieurs invitations, promet de venir dans le département. Le voyage, préparé avec soin, est fixé aux 5 et 6 septembre 1943.

2022 06 02Le programme est chargé. Tout d’abord, à Aurillac, visite de la Préfecture, messe basse à Saint-Géraud, visite de l’Ecole de laiterie et réception à la mairie. Le lendemain, visite de Saint-Flour, d’Allanche, d’un buron à Ségur-les-Villas et d’une laiterie à Saignes, avant son retour à Vichy.
La liste de la délégation indique que de nombreuses personnalités font partie du voyage, dont entre autres Max Bonnafos, ministre secrétaire d’Etat à l’agriculture et au ravitaillement ; René Bousquet, conseiller d’Etat et secrétaire général de la Police. 16 journalistes participent également au déplacement.
Le préfet Homo, fervent pétainiste, lance plusieurs appels à la population par voie de presse et d’affiche. Il enjoint les Cantaliens à venir acclamer le « Vainqueur de Verdun ».

 2022 06 03
Les invitations aux maires et aux présidents de Délégations spéciales sont envoyées le 30 août 1943 : « Faites-moi donc le grand plaisir de vous trouver tous réunis à la Préfecture, le dimanche 5 septembre 1943, à 9h précises du matin. Je vous présenterai au Maréchal ».
Les légionnaires de la Légion française des combattants sont appelés à « être au 1er rang pour accueillir et acclamer leur chef vénéré…témoigner fermement leur attachement et leur fidélité ».
Malgré tous ces appels, la population cantalienne reste peu enjouée à recevoir le Maréchal. Le contrôle postal relève sur 295 allusions à la visite que 130 sont enthousiastes, 146 indifférentes, 15 redoutent de la tiédeur et 4 se montrent hostiles.
La correspondance laisse aussi transparaitre cette froideur : « le temps a coulé, les désillusions, les rancœurs se sont accumulées, la propagande étrangère a distillé son venin et la personnalité du Maréchal respectée par elle jusqu’à l’année dernière n’est plus à l’abri maintenant de ses coups d’épingle et même de butoir…à tort ou à raison on lui reproche beaucoup de choses et l’enthousiasme qu’il suscite n’est plus de commande ».
Finalement, la veille, le voyage est annulé avec pour excuse officielle, les bombardements survenus en région parisienne. Mais le peu d’enthousiasme des Cantaliens à la venue du Maréchal, ainsi que des divergences entre la corporation agricole et l’entourage de Pétain sur différentes questions ne laissent que peu de doutes sur les vraies raisons de cette annulation. Pétain et Laval avaient, entre autres, refusé à Pourtier et Laurens, les deux syndics nationaux, d’exempter les agriculteurs de la classe 1942 du STO.


Le 4 septembre 1943, le préfet Homo adresse au Maréchal sa peine et, malgré tout celle de ses administrés après l’annulation du voyage, lui rappelant que c’est la troisième fois que le chef de l’Etat reporte sa visite dans le Cantal.
En réponse, le 27 septembre, le Maréchal clame son attachement au département : « J’ai toujours aimé cette terre Auvergnate, sa race rude et indépendante… j’allais lui redire mon affection ».
En remplacement, il recevra avec Laval, à Vichy le 9 novembre 1943, une délégation de 26 représentants pétainistes cantaliens.

2022 06 07

  Cote ADC : 1 W 93

Document rédigé par Laure BARBET

Source : Le Cantal de 1939 à 1945, les troupes Allemandes à travers le Massif central, Eugène Martres, 1993.

                                                                                    

                                                                                                                                            
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